la cabine de Theo

Le jour J était enfin arrivé, Theo monta à bord de la Sirène Gasconne son baluchon sur le dos et après un rapide regard sur Montpellier, il chercha sa cabine et s'y enferma. C’était une petite pièce mais bien agencée et coquette. Le lit avait été fait et sur la table une bouteille de vin avait été disposé à son intention, il comprit vite qui avait eu cette délicatesse en lisant le parchemin laissé par Melodie.

Il entendait du remue-ménage et les boiseries craquer, cela l’inquiétait un peu mais il comprit bientôt que le bateau était en plein chargement.

Il s'allongea et essaya de calmer son inquiétude et son appréhension, repris le parchemin de Melodie et le lut et relut puis sombra dans un demi sommeil

Les deux premiers jours de navigation, Theo avait préféré les passer enfermé dans sa cabine ne sachant trop comment il allait supporter la vie sur le bateau, cela avait été moins pire qu’il ne l’avait imaginé, le deuxième soir il avait même pu se rendre au mess où il avait eu le plaisir de croiser Melodie. Il n’avait cependant pas encore vraiment le pied marin d’autant qu’ ils avaient seulement longé les côtes, il appréhendait la pleine mer se demandant si le roulis serait plus important et il préférait affronter cet inconnu seul à l’abri d’une éventuelle moquerie même amicale. Il avait presque dormi deux jours de suite bercé par le finalement doux tangage de la Sirène Gasconne, faisant taire les quelques gargouillis de son ventre avec des morceaux de miche qu’il avait gardé en réserve.

Il se sentait bien, reposé, paisible et heureux comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Une petite brise lui effleurant le cou, il ouvrit un œil, son sourire s’élargit en voyant Melodie penché sur lui et heureux de découvrir qu’il avait confondu brise et baisers Du coin de l’œil il aperçut aussi un copieux déjeuner qu’elle avait surement préparé à son intention, même si l’appel du ventre et le gouteux de ces mets lui faisait envie, il ne pût résister à une envie plus forte encore, il enlaça Melodie et l’attira contre lui couvrant son visage de baisers scellant ses lèvres aux siennes en un long et amoureux baiser.

"Bonjour Ma Douce, quel bonheur d’être réveillé ainsi", lui murmura t’il "sera ce toujours ainsi ?"

"Dormi ? oh oui suffisamment pour ne point le faire durant les nuits à venir", lui sourit malicieusement, puis il reprend, "non ça ne va pas bien !! j’ai un gros dilemme!! tu es un amour d’avoir préparé cela et je t’en remercie, certes j’ai faim et même sans faim, comment résister à cet alléchant plateau, seulement voilà, tu es tout aussi appétissante sinon plus et je ne sais laquelle de mes faims assouvir. Peut être que comme "tu m’as déjà servi un petit en cas", je vais m’attaquer à ces croustillants croissants, partageras tu ce déjeuner avec moi ?

Disant cela il s’assit sur sa couchette s’adossant au montant, tapotant le lit pour l’inviter à prendre place à ses côtés et une fois tous deux bien installés il posa le plateau sur leurs genoux, partagea un croissant en deux lui en tendant une moitié et commençant à déguster l’autre sans la quitter des yeux.

Mélodie écoutait son Théo avec attention et sourit a ses paroles ,elle s'installe a côté de lui en lui donnant un baiser

c'est avec plaisir que je partagerais ce déjeuner avec toi

pas fini sa phrase il lui tendait un morceau de croissant elle le prend et commence a le manger puis une fois fini elle lui dit en ne le quittant pas des yeux

mon chéri je suis heureuse de partager ce moment avec toi et il y en aura pleins d'autres sois en sur

elle prend un verre de jus d'orange qu'elle tend a son Théo et en prend un pour elle qu'elle porte doucement a ses lèvres ,puis le repose

alors mon coeur que veux tu faire aujourd'hui ?

Théo prend le verre que Mélodie lui tend, le boit d'un trait puis se tourne vers elle

"Oh je te suis où tu voudras"

puis éclate de rire, réalisant ce qu'il vient de dire

"enfin on n'ira pas plus loin que le pont du bateau hein mais je veux dire nous ferons ce qu'il te plaira, après tout tu connais mieux que moi le bateau et les occupations qu'il offre"

prenant le plateau il le repose sur la petite table et enlace Melodie.

Rester ici ? et tous les deux ? moi je n'y vois aucun inconvénients, j'y vois d'ailleurs que des avantages, mais tes parents ne vont ils pas te chercher ? et s'ils nous trouvaient disons dans une attitude euh comment dire équivoque ? déplacée ? enfin tout ce dont je suppose toi et moi avons envie ?

Il la regarda amusé puis enfoui son visage dans son cou et l'embrasse tendrement.

Melodie n’était pas avare de tendresse et Théo se laissait emporter par cet élan le lui rendant bien lui-même, entre deux baisers elle lui reprochait l’attitude qu’il avait avec elle en présence de ses parents, il l’écoutait attentif sans cesser de la couvrir de baisers puis il se redressa lui sourit lui prit les deux mains dans les siennes et la regarda tendrement.

Douce Mélodie, Mélodie de mon cœur, Je n’ai nullement peur de tes parents, comment le pourrais je ? ton père m’a spontanément aidé ne me connaissant ni d’Eve ni d’Adam et ta mère est si adorable, c’est juste que je ne veux pas manquer à la bienséance et je ne voudrais te faire du tort, mais si tu penses que tes parents ne désapprouveront pas alors je succomberais à mes envies refoulées.

Il lui sourit et l’embrasse espérant l'avoir rassurée

Theo frissonnait sous les baisers et caresses de sa belle, il se réjouit et fut ému lorsqu’elle lui dit qu’elle l’aimait. Et lui ? imaginait-elle un instant combien il l’aimait ? il n’avait jamais connu ça auparavant, sans doute la recherche incessante de sa mère et de ses sœurs l’empêchait il de voir autour de lui, sans doute se refusait il à s’attacher pour continuer sa quête ? Non surement pas, pourquoi aurait il changé brusquement d’avis alors qu’il ne les avait toujours pas retrouvées ? Non Mélodie était surement l’amour de sa vie pour qu’il abandonne ainsi le but principal de sa jeune existence.
Cependant il n’avait su le démontrer à sa douce, il avait été maladroit, il l’avait blessée et il craignait de la perdre alors qu’il venait à peine de la trouver. Comment réparer sa maladresse ? Comment lui faire comprendre qu’elle était tout pour lui désormais, son passé son présent et son avenir ?

Il était si bien là, allongé avec elle, il aurait pu y rester des jours et des jours, la vie entière même, mais ils avaient enfin eu l’autorisation d’accoster et il se dit qu’une petit balade avec sa douce serait agréable et puis, à vrai dire, se dégourdir un peu les jambes sur la terre ferme lui manquait, et ils ne seraient que plus contents de se retrouver le soir dans leur cabine. Il la serra tout contre lui, l’embrassa passionnément et lui proposa :

"Si nous allions découvrir la ville et ses secrets ? peut être trouveras tu une babiole qui te plaira et que je me ferai un plaisir de t’offrir."

Il lui sourit, la fit basculer délicatement de côté et se leva lui tendant la main pour l’aider à se mettre debout.

Ils avaient parcouru la ville, s’étaient arrêtés dans quelques tavernes mais avaient croisé peu d’italiens. Ils avaient flânés au marché, Theo avait fait quelques provisions de maïs pour le voyage, Mélodie le lui avait reproché lui disant qu’elle aurait pu lui en donner de son stock Il l’embrassa pour la remercier de sa gentille attention et aussi faire taire sa désapprobation.
Il n’avait rien trouvé de beau à lui offrir d’autant que la surprise était difficile car elle était à ses côtés mais il espérait que l’attention qu’il avait eu de lui rapporter quelque chose lui ferait plaisir. Quant à elle il supposait qu’elle avait acheté un présent qui lui était destiné car elle s’était éloignée un instant et était revenue avec des paquets, il avait fait semblant de ne rien remarquer.

C’était leur dernier jour dans ce joli port de Gaeta et il était tant d’embarquer, après un dernier tour en taverne avec presque tout l’équipage, ils montèrent à bord, Theo posa son baluchon dans sa cabine puis alla dans la cabine de Melodie lui rendre les paquets qu’il lui avait proposé de porter.

La traversée entre Gaète et Lezhë s’était effectuée en un éclair, Theo reconnut là l’expérience de Zigom et Vivi, il pouvait vraiment leur faire confiance et s’en remettre à eux. A contre cœur Il laissa donc Melodie dans sa cabine pour aller récupérer ses affaires dans la sienne, il n’aimait pas être séparé d’elle mais c’était pour mieux la retrouver, ils allaient enfin passer nuits et jours ensemble, il pressa donc le pas à cette heureuse pensée.

Son enthousiasme fut vite retombé lorsqu’il ouvrit la porte de sa cabine, mais quel capharnaüm !!Comment pouvait-il laisser autant de bazar avec le peu d’affaire qu’il avait ? Ils allaient accoster et débarquer d’un moment à l’autre il lui fallait donc se mettre à l’œuvre d’autant que la cabine pouvait être proposée à un éventuel nouveau passager.
Alors!! le sale d’un côté le propre de l’autre, le propre ? Oui ben en fait tout était sale, il enfourna tout pèle mèle dans son baluchon, ouvrit l’hublot pour aérer tapota la couchette replaça le tabouret bien devant la petite table referma le hublot et partit à la recherche de la buanderie. Il ne pouvait décemment pas apporter des vêtements sales dans la jolie cabine de Melodie et n’avait pas suffisamment d’écus pour se refaire une garde robe à Lezhë d’ailleurs ce serait manquer de respect à la générosité de Zigom.